Rapport du Général MONROE
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Annexe n° 2260.

55e DIVISION.

109e BRIGADE.

ÉTAT-MAJOR.

N° 49/PC.

Rapport du colonel commandant les attaques au sujet de l'affaire du 25 avril

J'ai eu l'honneur de vous transmettre les rapports2 établis par le lieutenant-colonel Quillet, commandant le 246e et le lieutenant-colonel Collon, commandant le 204e , au sujet du combat du 25 courant dans le bois des Buttes et le bois Franco-Allemand.

Je n'ai rien à ajouter à ces rapports en ce qui concerne la succession des faits qui est établie avec une précision suffisante.

La préparation par l'artillerie a été très bonne au bois Franco-Boche et bonne au Bois des Buttes, autant qu'on peut apprécier les résultats obtenus sous bois.

En tous cas, nulle part les troupes n'ont été arrêtées par des fils de fer.

Les troupes d'attaque ou de garnison, placées sous les abris qui leur avaient été préparés au dernier moment, n'ont absolument pas souffert de l'artillerie ennemie pendant la préparation.

Les troupes d'attaque sont bien sorties de leurs parallèles de départ. Le bataillon De Chevilly (289e ) a été particulièrement brillant.

Au point de vue du résultat, l'attaque du 289e a atteint à peu de chose près les objectifs qui lui étaient assignés, tandis que l'attaque du 246e n'a rien donné. Les causes de l'insuccès de ce dernier régiment paraissent être les suivantes :

1° La position allemande du Bois des Buttes était très fortement occupée, plus fortement que nous ne le pensions et plus fortement surtout que ne le laissaient supposer le silence et la passivité de l'ennemi dans les journées qui ont précédé l'attaque.

2° La préparation d'artillerie, bien que bonne, a été certainement moins efficace au Bois des Buttes qu'au bois Franco-Allemand. Malgré le soin avec lequel l'observation avait été organisée, les objectifs sous bois, très mal vus, ne permettaient pas une précision de tir aussi grande que dans le bois Franco-Allemand.

La position principale allemande du Nez du Boche, trop rapprochée de nos lignes, n'avait pu être battue par l'artillerie lourde, et il n'avait pas paru possible de retirer nos troupes pour permettre le tir de cette artillerie.

3° Les effectifs d'infanterie employés pour l'attaque du bois des Buttes semblent avoir été insuffisants.

Sous bois, en effet, la densité des troupes assaillantes doit être plus forte qu'en terrain découvert, afin que les troupes se sentent au contact.

Or, d'une part, les effectifs employés pour l'attaque n'étaient peut-être pas en rapport avec le front d'attaque, et d'autre part, les parties marécageuses du bois ont empêché d'employer plus de monde en première ligne.

En ce qui concerne les communications, on peut dire qu'elles ont fonctionné d'une façon satisfaisante, et que rarement elles ont été aussi bien assurées.

a. Le téléphone (fils sous plomb enterrés au fond des boyaux) a toujours fonctionné entre le commandant des attaques et l'arrière, et toujours aussi entre le commandant des attaques et les postes de Clausade et La Sapinière. Entre Clausade et le poste de commandement De Chevilly, la ligne sous plomb enterrée au fond du boyau, a été coupée après une heure et demie de préparation, mais la chose n'est pas pour surprendre.

b. Les chaînes de coureurs ont fonctionné d'une façon très satisfaisante.

c. Les communications par T. S. F. ont donné de très bons résultats, même avec la première ligne. Toutefois, il faut remarquer que ces communications sont brouillées par les émissions des appareils d'avions; il faudra donc, à l'avenir, soit réserver des périodes de temps pour chacun, soit avoir des appareils dont les émissions ne se gênent pas réciproquement.

d. Les liaisons optiques, bien organisées, n'ont pas été employées, les autres liaison n'ayant jamais fait défaut; toutefois le commandant des attaques s'est vu dans l'impossibilité d'appeler un poste de première ligne, ces appels de l'arrière vers l'avant n'étant pas prévus.

Le système de liaison par l'optique ne rendra vraiment des services que si le poste arrière peut envoyer à l'avant certains signaux conventionnels; ces signaux, réduits au nombre minimum, me paraissent être les suivants :

1 ° Y a-t-il quelque chose de nouveau?

2° Je suis prêt à recevoir.

3° Répétez.

4° Compris.

Les réactions de l'ennemi ont été violentes comme tir d'artillerie, pendant la nuit du 25 au 26, la journée du 26 et la nuit du 26 au 27.

Pas d'attaque d'infanterie.

Les tirs d'artillerie semblent se calmer dans la journée du 27, et il n'y a pas apparence, jusqu'à présent, que l'ennemi prépare une contre-attaque.

Il reste maintenant à organiser le terrain conquis au bois Franco-Boche, et la chose n'est pas facile en raison de la façon dont on est surveillé partout par la butte 96, et du bombardement de l'ennemi. La lisière nord du bois sera particulièrement difficile à organiser et demandera un gros effort. Le travail est commencé.

Le général commandant la 109e brigade d'inf.,

MONROE.

 

 

 

LA GRANDE GUERRE. - IV. - ANNEXES, 3e Vol.

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