16 septembre 1914

La division avait fixé la poursuite de l'attaque au 16 septembre 6h.00 du matin avec les mêmes objectifs que la veille. Mais dès 5h.40 du matin, le 3°bataillon essuya un violent feu d'infanterie en provenance de La Ville aux Bois et de l'orée du bois s'étirant perpendiculairement par rapport à la route.

Musette septembre 1914

Simultanément, des colonnes de l'infanterie ennemie avancèrent en provenance de La Ville aux Bois vers La Musette. Le groupe de mitrailleurs positionné le long de la route près de La Musette, sous les ordres du sergent de réserve Schliephake, et certaines parties de la 9° compagnie ouvrirent un feu nourri sur environ 100 m après s'être assurés dans la crépuscule du matin que les colonnes marchant vers eux étaient effectivement des Français. L'avance de l'ennemi s'arrêta net, les soldats qui ne tombèrent pas sous le feu firent demi-tour. De la même manière, l'avance d'une autre colonne qui marchait à l'orée du bois dans la crépuscule au sud de La Musette en direction de la route, se termina dans le sang sous le feu de la 11° compagnie.
La 12° compagnie qui se trouvait le plus à gauche fut attaquée simultanément à partir d'une clairière herbeuse dans le bois. Le capitaine Martini (Eduard), reconnaissant le danger imminent, tomba sous le feu ennemi juste au moment où il envoya l'escouade du sous-officier Sickert vers l'ennemi. Après un bref échange de tir, les Français furent repoussés dans la forêt. Devant les lignes du 3° bataillon, gisait un grand nombre de Français morts et blessés. Par ailleurs, le nombre des prisonniers a été assez élevé.
Avec la mort du Capitaine Martini, (il repose aujourd'hui à la Nécrpole allemande de Montaigu) le régiment a perdu un officier d'un courage et d'un sens du devoir exemplaires. Il avait œuvré sans relâche pour le bien de sa compagnie et avait toute la confiance de ses tirailleurs en temps de paix et en temps de guerre.


Sépulture Martini

Comment expliquer l'apparition tout à fait surprenante des Français le long de la route et qu'était devenu l'occupation de La Ville aux Bois? Voilà comment cela s'est passé: Vers 5h. du matin, les Français sont arrivés par l'ouest dans la Ville aux Bois en criant "Hourrah". Les postes censés de sécuriser l'accès au village n'avaient pas ouvert le feu croyant voir arriver des troupes allemandes. Lorsqu'ils se rendirent compte de leur erreur, c'était trop tard. Seulement une partie de la 10° compagnie et quelques soldats de la compagnie Einsiedel réussirent à s'éclipser latéralement dans la forêt. Ils rejoignirent peu à peu la route et le 3° bataillon, le Capitaine von Einsiedel étant le seul officier. Les forces allemandes se trouvant encore dans La Ville aux Bois furent renfermées par les Français dans quelques fermes. Elles se défendirent pendant plusieurs heures espérant une contre-attaque de leurs troupes.Après une défense tenace, elles ont dû céder à la supériorité en nombre de l'ennemi et se rendre prisonnier (4officiers et 120 hommes).
Il fallait donc se rendre à l'évidence que La Ville aux Bois, si durement gagnée la veille, était à nouveau dans la main de l'ennemi. En raison du cercle d'artillerie posté autour du village, il était impossible de l'attaquer tout de suite à nouveau. Seulement lorsque le feu ennemi faiblit vers 8h. du matin et que le corps voisin sur la droite (15eR. A.) s'était approché de Craonne, l'attaque générale reprit. On devait d'abord avancer vers les orées de bois au sud-ouest de La Ville aux Bois. L'espace a été divisé comme suit: à l'aile droite le 108eR.T. sur la route de La Ville aux Bois à Pontavert, à l'aile gauche le 182eR.I. sur le chemin Juvincourt, point 54 à l'est de Pontavert. La ligne de séparation pour les régiments: le bois situé au milieu, attribué au 108eR.T.
En raison des nouvelles pertes, un rééquilibrage du régiment fut nécessaire. Le 1° bataillon fut à nouveau formé par la compagnie v. Elterlein, le 2° bataillon et la 9° compagnie, la compagnie von Einsiedel, la 10° et la 11° compagnie, la compagnie von Rüdiger. La 12°compagnie devenait l'escouade du sous-officier Sickert. C'est le Commandant von der Pforte qui commanda le bataillon ainsi formé.
Même si le régiment fut renforcé au cours de la matinée par une escouade de mitrailleurs et une compagnie du 101e Régiment de grenadiers, l'attaque démarra difficilement. L'ennemi tenait une forte position à La Ville aux Bois et s'était habilement fortifié, mais c'est surtout le feu d'artillerie bien ciblé qui donna du fil à retordre aux troupes d'attaque. Le 178e R.I. combattant à la droite du régiment n'arriva pas à traverser la route. Aucune chance d'avancer vers La Ville aux Bois en traversant la plaine sans la moindre couverture! Il fut donc décidé de poursuivre l'attaque après une bonne préparation par l'artillerie. L'artillerie lourde devait rendre le village prêt à l'assaut.
Vers 3h.15 de l'après-midi le régiment eut connaissance de l'information que le bataillon de chasseurs avait reçu l'ordre de s'approprier La Ville aux Bois et le bois au sud-ouest de ce village en combattant sur la droite du 108e R.T. Ce dernier avec deux compagnies, la 101° compagnie et la 101° compagnie de mitrailleurs, était censé de poursuivre l'attaque dans les secteurs qu'on lui avait attribués, mais de ne pas dépasser dans un premier temps l'orée du bois au sud-ouest.
Le bataillon de chasseurs arriva à 4h.40 de l'après-midi près de La Musette. L'attaque du village fut fixé à 5 heures de la manière suivante: le bataillon des chasseurs avance sur la droite du 108e R.T. vers les abords est de La Ville aux Bois, le 108e R.T. passe à travers le bois et s'abat sur le village en venant du sud-est. A la gauche du 108e R.T, le 182e R.I. avance avec l'aile droite vers le centre du bois. A la droite du bataillon de chasseurs, l'attaque sera soutenue en plus par le 178e R.I. Les deux compagnies de grenadiers et la 101° compagnie de mitrailleurs restent pour le moment en réserve.
L'attaque commença peu après 17 heures .

Croquis du 16 septembre 1914

Le bataillon von der Pforte avança sur le bord nord du bois à l'est de La Ville aux Bois, traversa le bois et atteignit le bord sud-ouest du bois. Il l'occupa, mais fut soumis à un feu nourri d'artillerie et d'infanterie venant du sud. Il annonça de ne pas pouvoir tenir la position étant donné la supériorité de l'ennemi. Le bataillon de chasseurs qui avait en partie pénétré La Ville aux Bois annonça également qu'il ne pourra pas s'y maintenir en raison de la supériorité de l'ennemi.
La nuit tombait, l'attaque n'avançait plus. Pour éviter des pertes inutiles, on donna l'ordre à 20h.30 à toutes les troupes de se retirer vers la route et d'y creuser des tranchées avec le front en direction sud-ouest, à savoir: le bataillon de chasseurs à la ferme La Musette et au nord de celle-ci, liaison avec le 178e R.I. à gauche des chasseurs le 108e R. T., ensuite le 182e R.I. Les deux compagnies du 101e Régiment de grenadiers dans l'interstice entre le 108e R.T. et le 182°R.I.
A 22h.30, le commandement du régiment qui bivouaquait dans le bois à 500 m au nord-est de La Musette, reçut l'information suivante: il faut s'attendre demain matin tôt à un tir d'artillerie sur l'ennemi à La Ville aux Bois, suivi de l'assaut du village.

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