Les Amis du Bois des buttes
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Le 16 septembre faisant face à l'ouest, le 110e va s'établir à Roucy.

De la route de Roucy à Ventelay, qu'il avait parcourue le 2 septembre et par laquelle il revient le 16, on aperçoit à perte de vue le terrain qui, s'abaissant entre les hauteurs de Craonne et Prouvais, donne accès
vers la plaine de Sissonne.

C'est là que vient se briser, devant l'organisation défensive de l'ennemi, notre riposte victorieuse de la Marne, que le manque de munitions d'artillerie nous empêche de pousser à fond.

Là prend fin le genre de combats qui ouvrent la première partie de la guerre : finis les déploiements de bataillons, des régiments au grand soleil; une autre guerre y prend naissance, plus sournoise, aussi âpre, la guerre des tranchées.

Tapis à quelques mètres les uns des autres, n'ayant pour s'observer que la fente du créneau ou le regard furtif risqué au-dessus du parapet, les adversaires vivent dans un éternel qui-vive.

S'ils tentent d'aborder les tranchées de l'un ou de l'autre, des mitrailleuses soigneusement dissimulées et démasquées au moment opportun fauchent les rangs des assail­lants.

L'artillerie allemande, supérieure en nombre et mieux approvisionnée que la nôtre, démolit journellement les pau­vres abris, simples trous creusés dans la terre et couverts de paille d'abord, puis bâtis en rondins. L'inquiétude des veilleurs fait déclencher chaque nuit d'interminables fusillades.

>Rebelles les premiers jours à ce qui contrarie profondément et leur éducation et leur instinct guerrier, les hommes ne tardent pas à se convaincre de la nécessité de se protéger, et la plaine du Choléra, les abords de la Miette se creusent en un système puissant de tranchées et de boyaux.

Longtemps l'idée que l'offensive peut être reprise et poursuivie obsède les esprits, mais les moyens matériels sont nuls, quelques coups parcimonieux de 75 ne peuvent entamer les défenses de l'ennemi, déjà formidables. Les attaques d'octobre sont vouées à l'insuccès.

Le 17 septembre, le Régiment était venu s'installer sur les deux rives du petit ruisseau de la Miette, le 3e bataillon sur la rive droite, le 2e bataillon vers le Choléra.

La journée avait été meurtrière : le colonel Doyen, commandant la 4e Brigade, fut tué de plusieurs balles au moment où il parcourait la ligne de tirailleurs.

Le lieutenant-colonel Lévi le remplace à la tête de la brigade, tandis que comman­dant Dujardin (commandant le 1er bataillon) prend le commandement du Régiment jusqu'à l'arrivée (19 septembre) du lieutenant-colonel Buffet.

L'attaque d'ensemble prévue pour le 24 septembre est remise.

 Le 6 octobre, le 1e bataillon appuie 8e RI, qui a pour mission de s'emparer, à la faveur d'une explosion de mine, de la corne sud-est du bois de la Ville-aux-Bois, lequel prit le nom de Bois de « la Mine ». L'opération de la Mine réussit pleinement.

Le 12 octobre, l'ordre d'attaque est donné par le général commandant le 1e
Corps d'armée. Deux objectifs doivent être successivement atteints : le bois de
la Miette, le Choléra. L'attaque sur la ferme (3e bataillon) ne doit
commencer que lorsque le premier objectif sera enlevé.

Après une préparation de quelques minutes, le 8e commence son mouvement en avant sous bois, appuyé par une section de la 6e compagnie; la 7e compagnie, avec deux sections de la 5e compagnie progressent également, malgré un feu violent.

Cette journée nous avait permis de nous installer à proximité
de "la route Choléra" la route Choléra- Ville-aux-Bois, à peu de distance d'un treillage de fils de fer jusque-là invisible.

Une nouvelle tentative pour avancer le 13 est infructueuse.

Après quelques jours de repos à Roucy (1e bataillon), Romain (2e bataillon), Ventelay (3e bataillon), le Régiment revient le 22 remplacer le 8e ; une tentative allemande (régiment saxon) contre nos tranchées échoue (28 octobre).

Renforcé par le 201e RI qui occupe la presque totalité de la première ligne, le Régiment échelonne des lignes jusqu'à Roucy, profite de l'accalmie qu'on constate en novembre pour perfectionner les travaux, donner aux hommes des abris où ils puissent goûter un peu de repos.

Le Mont Doyen, qui constitue un bon observatoire, et la Pêcherie, qui sert de poste de secours et de poste de commandement, sont visés presque quotidiennement; un incendie se déclare même à la ferme le 7 décembre,
mais l'ennemi semble avoir retiré, pour l'utiliser ailleurs, une partie de son
artillerie.

Le 9 décembre, le Régiment cède son secteur au 148e RI et va cantonner à Fismes, Basoches, Saint-Thibaut. Ainsi se clôt une première partie où à côté de nos premiers revers prend place la victoire décisive de la Marne : période d'initiation où l'on voit qu'à son ardeur dans l'assaut le 110e sait allier le travail fécond et incessant qui seul permet de limiter les pertes et d'organiser la défense du terrain.

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