Les Amis du Bois des buttes
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Cahier de guerre 1914-1918 de Constant VINCENT au 57e RI

Notre arrivée à Corbény fut très bien accueillie par les civils dont la plupart étaient content d'être libérés. Vers minuit les avant-postes furent pris par la 5ème et 6ème Compagnies. Alors la 7ème nous avons cantonné très tranquille, après avoir mangé. La nuit paraît calme. Quelques coups de canons et de fusils, et c'est tout.

Le 14 septembre, il fait à peine jour que nous partons. Il y a attaque de la part des boches. On essaie de résister mais notre artillerie tire trop court, aussi nous sommes forcés de reculer. Il y a beaucoup de tués et de blessés. Les boches nous reprennent Corbény. Nos brancardiers et infirmiers sont faits prisonniers. Notre major, le Commandant Soriet, est du nombre. Il fut rapatrié peu après. Enfin le 14 au soir nous nous installons devant la Ville-aux-Bois. Nous sommes tranquilles. Dans la nuit nous recevons des munitions pas sans besoins car nous avions presque tout tiré avant de quitter Corbény. On nous donne aussi du pain que nous n'avions pas touché depuis quatre jours. Nous avions eu du pain K.K. mais une fois notre faim rassasiée, on ne pouvait plus le manger.

Le 15 septembre à la pointe du jour, nous sommes aperçus par l'ennemi qui pointe son artillerie sur nous. Aussi on quitte la position en vitesse et nous attrapons les bois où règne un peu de débandade. Aussi le bataillon va se refermer un peu à l'arrière quand ordre nous est donné par un capitaine du 24ème d'artillerie de remonter à l'attaque. Nous retournons aussitôt à la lisière des bois où nous tombons dans une embuscade. Au moment où nous allions charger à la baïonnette, l'Adjudant Georges que nous avions comme chef de section fut tué avec le Capitaine Adjudant major Triat (Triaud) qui le jour même avait été nommé commandant et commandait depuis quelques jours le 2ème Bataillon. Ils sont tombés tous les deux à mes pieds. Aussi on peut deviner quelle impression. Nous revenons un peu à l'arrière où nous faisons une tranchée. Les boches ont voulu continuer leur avance. Ils n'ont pas réussi et ont eu des pertes considérables. On les a vu s'avancer en colonne par quatre et fauchés par nos mitrailleuses et nos 75. Le soir nous revenons à Pontavert.

Le 16 nous revenons à l'attaque mais on ne réussit pas. Malgré cela nous sommes maîtres du pays. On fait en hâte des tranchées. On se bat jour et nuit pendant plusieurs jours. La Ville-aux-Bois est prise, perdue et reprise trois jours. Tout de rang on se bat à la baïonnette. Nous y perdons presque tous nos officiers et une grande partie des hommes. Nous restons peu nombreux mais il faut tenir coûte que coûte en attendant la venue du renfort. Le canon fait rage sur Pontavert et principalement sur le pont de l'Aisne, interdisant ainsi le passage des renforts qui malgré tout sont arrivés le 20 (18) dans la nuit. C'est le 3ème Corps. Nous partons et très contents le matin, à la pointe du jour, nous arrivons à Ecurie les Chatardes (Cuiry-lès-Chaudardes). Nous y restons un jour. Là on a pu manger car quand nous étions devant Pontavert pendant les 5 derniers jours, nous avions par jour et à trois un quart de boule de pain et une boîte de conserve autrement dit une boîte de singe.

Source:  http://vincent.juillet.free.fr/cahier-constant-vincent-1914-1.htm

 

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