Les armées françaises dans la Grande guerre. Tome VI. 6,2,ANNEXES1 p16

ATTAQUES POSSIBLES DE L'ENNEMI.


Février 1918
En résumé, étant données la situation militaire actuelle et la configuration générale du
terrain, on doit retenir :
Qu'une offensive de grande envergure, se déclenchant simultanément sur l'ensemble
du front de la VIe armée est improbable.

Hypothèse A. — Qu'une attaque ennemie est possible sur le secteur de Craonne-
la Ville-aux-Bois, avec menace sur la liaison avec la Ve armée.

Hypothèse B. — Qu'une attaque — forte attaque locale, de diversion et démonstrative,
ou, peut-être, combinée avec des offensives au nord de l'Oise — eM possible au nord de
l'Ailette.

Hypothèse C. — Que l'attaque est improbable sur les positions sud de l'Ailette, de
Craonne jusque vers le canal de l'Aisne à l'Ailette, tant que tient la région de la Ville-aux-
Bois, Cretonne, mais pourrait, en l'état actuel, être tentée plus ou moins forte sur la région
ouest (Pargny-Chavignon-Pinon) et de là sur les plateaux nord-est de Soissons.

Il faut envisager, en outre, sans les croire probables :
Hypothèse A'. - Le cas où la gauche de la Ve armée serait obligée de se retirer sur sa
2e position et viendrait à la perdre;
Hypothèse Br. - Et le cas où la droite de la Ve armée britannique serait obligée de se
retirer derrière l'Ailette, puis derrière l'Oise.

MISSION DE L'ARMÉE ET PRINCIPES GENERAUX DE DEFENSE.

La VIe armée doit, en face de coups de main, de petites entreprises, ou d'attaques lo-
cales da l'ennemi, maintenir la possession du terrain qu'elle occupe et assurer l'intégrité
de son front.

Devant des attaques puissantes, menées avec de grands moyens, sur tout ou partie de son front ou vers les ailes sur le front des armées voisines, sa mission est d'empêcher la rupture du front en maintenant sa liaison : à gauche, avec la Ve armée britannique- à droite, avec la Ve armée ; de contenir l'ennemi et de lui interdire, quoiqu'il arrive, l'approche de la ligne générale jalonnée par les hauteurs de Roucy, le cours de l'Aisne de
Concevreux à Celles-sur-Aisne, les plateaux sud de.Laffaux, nord de Terny-Sorny, Leuilly,le cours de l'Ailette, et marquant la ligne avancée de la 2e position.

Cette ae position constitue pour l'ensemble de l'armée la ligne d'appui et de manœuvre
sa base de renforcement en même temps que sa base de défense et de rétablissement
dans le cas d'un succès très brusque et profond de l'ennemi sur une partie du front ; elle
serait, le cas échéant, son dernier champ de bataille. A aucun prix, et quoi qu'il arrive,
elle ne doit être abandonnée, et il faudrait la reprendre coûte que coûte, dans son inté-
grité si l'ennemi parvenait à la forcer en certains points.

C'est sur elle que seront amenés, tout d'abord, les réserves d'armées et les renforts;
ceux-ci, après l'avoir occupée solidement, pourront, soit renforcer ou relever les troupes
engagées en avant, soit assurer la défense à tout prix de la 2 e position, concurremment
avec les éléments qui seraient retirés de l'avant, soit mener une contre-offensive dans la
zone de pénétration ennemie ou vers ses flancs.

Il n'est pas possible, en effet, de savoir à l'avance et avec certitude, dans quelle direc-
tion se produiront les attaques principales, et on ne peut songer à engager prématuré-
ment les réserves d'armée, ni, dans la situation actuelle, à en introduire au préalable
une partie en renforcement de telle ou telle région.

Si l'attaque devait se déclencher sur le front de l'armée, il faudrait s'attendre à une
action violente et par surprise, après une préparation d'artillerie de quelques heures seu-
lement — peut-être moins. Il est probable d'ailleurs qu'aucun indice certain ne ferait
prévoir cette attaque......La suite