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Pour conclure  ce chapitre des combats de La ville au Bois et du Bois des Buttes 

L’Allemagne pouvait elle être battue dès septembre 1914.?

"Sa condition de vaincue eût été la même que le 11 novembre 1918, mais elle se fût évité ses trois millions de morts, ses près de dix millions de blessés et mutilés de guerre qui ont mis plus de cinquante ans à disparaître des rues de ses villes et de ses villages."

"Sissonne a été sans que cela ait paru, une immense bataille. Peut-être une des batailles les plus grandes de tous les temps, parce que tout y était possible. Mais rien n'y a été réglé. Sissonne a été une bataille perdue, parce qu'elle n'a pas eu lieu. C'est paradoxal mais vrai. "

Le texte qui suit est extrait du livre "ADIEU CAVALERIE" du général CHAMBE. En septembre 1914, René CHAMBE était sous-lieutenant au 20e Dragons.

13 septembre 1914
Quel va être notre rôle aujourd'hui ? Il paraît que nous sommes vainqueurs ? Fort bien...
Mais ce n'est pas fini... Là-haut, de l'autre côté de l'Aisne, sur les falaises escarpées du Chemin des Dames, à Craonne et Craonnelle (joie d'avoir une carte) la canonnade s'est réveillée au point du jour. Nous voyons les obus fusants éclater sans interruption sur Craonne et Craonnelle, ils sont incontestablement allemands. Donc, les deux bourgades sont à nous. C'est signé.
Ça va. Ça va bien !
[..]Les nouvelles sont excellentes. L'ennemi bat toujours en retraite. Pas seulement devant nous mais partout. Sur tout le front.
[...]Et cette canonnade à Craonne qui ne cesse pas... Et aussi là-bas, loin dans la direction de Reims, à notre droite.
Une fusillade là, dans le fond, éclate soudain. Ses échos montent jusqu'à nous. Nous saurons tout à l'heure que c'est le 15e Dragons. Il a trouvé sur l'Aisne le pont où nous devons passer, le pont de Pontavert (non détruit), tenu par des cavaliers ennemis, des chevau-légers. Ceux-ci se sont vite repliés quand le 15e est arrivé en colonne sur le pont et a bousculé à cheval leur barricade assez dérisoire. Ils ont sauté en selle et sont partis au galop, sans demander leur monnaie.

Passé le pont, nous collaborons avec le 15e Dragons pour nettoyer le terrain de tout ennemi. Mais il n'y a plus rien. Tout a disparu. C'est le vide. Nous marchons vers le nord.
12 h. - Nous atteignons le village de La Ville-aux-Bois, situé, comme son nom l'indique, au débouché d'un grand bois-taillis, sur la route de Reims à Laon.
Pied à terre à deux cents mètres plus loin ! Faire manger les hommes et les chevaux !

[...]
Le bataillon du 45e d'infanterie affecté à notre division nous a rejoints, lui aussi. Ses nombreux autobus sont arrêtés à proximité.
Les hommes sont descendus pour se dégourdir les jambes. Nous les voyons courir, ils ont l'air de jouer aux barres.
Mais le grand mouvement se fait à la sortie de La Ville-aux-Bois, où nous avons passé nous-mêmes il y a une heure : un groupe de chevaux, gris pour la plupart, trois ou quatre voitures automobiles de tourisme sorties de l'ombre de la forêt et brillant au soleil. C'est certainement le général Conneau, son état-major et les deux escadrons de goumiers de son escorte.
[...]
Il y a du nouveau. On monte à cheval. Enfin ! Entre-temps, j'ai mesuré sur la carte la distance nous séparant de Craonne qu'on voit là, à notre gauche, sorte d'éperon rocheux où se découpent sur le ciel des maisons étagées en terrasses. Il est couvert de fumées d'obus. On s'y bat violemment depuis hier après-midi. C'est l'aile gauche de notre Ve Armée, avec le 18e corps, qui s'y accroche. C'est sûrement très dur. Distance à vol d'oiseau : six kilomètres.
[...]
- Qu'est-ce qu'on fait ? Où va-t-on ?
- A Sissonne, c'est le vide absolu devant nous, paraît-il. On est en plein dans le trou, toujours le même depuis huit jours, entre les deux armées allemandes, Ire et IIe.
[...]
On repart. Mais derrière nous, La Ville-aux-Bois subit une violente canonnade. Montmorin l'avait bien dit ! A force de se faire voir ! Les deux escadrons de goumiers marocains avec leurs chevaux gris, leurs burnous bleus doublés de blanc sont en plein sous le feu. On entend crier les hommes, invoquer Allah. Ils subissent de lourdes pertes. Pauvres gens ! Pauvres petits chevaux barbes, si intelligents !
[...]
- Et les autobus ? Ils étaient en pleine vue.
- Le 45e RI aussi en a pris un coup avec ses omnibus. Rien de grave. Des éclats. Vous parlez qu'ils ont pas été longs à mettre les moteurs en route et les bouts de bois, pour filer se camoufler à Juvincourt derrière les maisons. Des lapins !
[...]
Les chasseurs rigolent. On jalouse quelque peu les fantassins du 45e en renfort des divisions de cavalerie. On les blague. Ils se prélassent sur les coussins de Madeleine-Bastille sans s'en faire. Les veinards. C'est la bonne planque. Presque des embusqués.

Ils ne se rendent pas compte qu'ils sont sous les vues de l'ennemi ? Ils ne comprennent rien à la guerre, non ? Ils n'ont aucune notion de l'utilisation du terrain. Ils attirent les obus. Ce n'est pas la première fois que je fais cette remarque. Aujourd'hui, c'est flagrant. Bien réussi ! Conneau était sûrement avec eux.
|...]

Le texte intégral se trouve <<ICI>>

 

 

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