YVES GIBEAU : LE CULTE DE LA MÉMOIRE
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 17 MARS 1916 JE ME SOUVIENS

YVES GIBEAU : LE CULTE DE LA MÉMOIRE

Bernard Logre

Né à Bouzy dans la Marne, en 1916, de père inconnu, un fusilier-marin italien au repos dans le village, il sera adopté deux ans plus tard par le nouveau compagnon de sa mère, un sergent de l’infanterie coloniale. Ce beau-père, militaire de carrière, le fait entrer dans l’armée, à treize ans, comme enfant de troupe. Dix ans plus tard, le contrat terminé, il quitte l’uniforme, mais le revêt à nouveau en août 1939.

Après l’armistice, de retour à la vie civile, il vit de petits boulots, avant de débuter dans le journalisme, comme pigiste à Combat, puis se sera un poste à la rédaction de l’Express.

De son expérience sous les drapeaux il conserve des convictions pacifistes. Mais il éprouve une fascination pour les lieux de batailles de la Première Guerre mondiale. Installé dans un presbytère à Roucy, dans l’Aisne, il parcourt le secteur de Craonne, du Chemin des Dames et de La Ville-aux-Bois-lès-Pontavert, lieu qu’il associe à la blessure, le 17 mars 1916, du sous-lieutenant Kostrowitzky (Guillaume Apollinaire) du 96e R.I.

Depuis février 1916, le 96e R.I. occupe, en réserve de la 5e armée, la vallée de l’Aisne. Le 13 mars, plusieurs éléments du régiment cantonnent dans la région de Pontavert et sont occupés à des travaux d’organisation d’une deuxième position. A cette date, dans une lettre à son amie Madeleine, Guillaume Apollinaire écrit : « Nous sommes dans un lieu dont je n’ai pas le droit de te dire le nom mais dont le surnom est le pot de chambre de la France. »1 Est-ce Pontavert ? La Ville-aux-Bois ? Le 14 mars : « On va en ligne tout à l’heure. Je t’écris en toute hâte. Casqué ne sais pas bien ce que l’on va faire. En tout cas je te lègue tout ce que je possède et que ceci soit considéré comme un testament s’il y avait lieu. » Le 18 mars il annonce sa blessure à Madeleine : « J’ai été blessé hier à la tête par un éclat d’obus de 150 qui a percé le casque et pénétré. ». Il est opéré à l’ambulance divisionnaire 1/55. Le 19 il note : « […] je ne vais pas mal cependant j’ai toujours cet éclat dans la tête qui n’a pas pu être retiré. ». Il est évacué à l’Hôtel Dieu de Château-Thierry, puis le 30, il est à Paris au Val-de-Grâce. Le 12 avril, il est transféré à l’hôpital du gouvernement italien, 41, quai d’Orsay. La suite est connue. Atteint par l’épidémie de la grippe espagnole, il meurt le 9 novembre 1918.

Guillaume Apollinaire va marquer la vie d’Yves Gibeau. Ce dernier constate que le souvenir de l’écrivain est toujours présent, mais qu’aucune plaque commémorative de sa présence sur le front n’existe. Aussi, il va, à ses frais, faire ériger une stèle souvenir, en bordure de la départementale 89, à la sortie du village de La Ville-aux-Bois-lès-Pontavert. L’inauguration aura lieu le 24 mars 1990.

 

Apollinaire Portrait

L’artilleur Guillaume Apollinaire, cliché X.

Coll. part.

 

 

 

GIBEAU Yves

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois des Buttes, 24 mars 1990. Discours d’Yves Gibeau, cliché X. Coll. part.

En ce lieu dit le Bois des Buttes

17 mars 1916

Fut blessé

Guillaume Apollinaire 1880-1918.

Dis l’as-tu vu Gui au galop

Du temps qu’il était militaire

Dis l’as-tu Gui au galop

Du temps qu’il était artiflot

À la guerre.

Don Yves Gibeau, 1990

Sources

-Apollinaire (Guillaume). Lettres à Madeleine, Éditions Gallimard, Paris, 2005.

-Cochet (François) et Porte (Rémy), sous la direction de. Dictionnaire de la Grande Guerre 1914-1918, Éditions Robert Laffont, Bouquins, Paris, 2008.

-J.M.O du 96e R.I., cote 26 N 672/2.

1 Les citations sont extraites de l’ouvrage de Guillaume Apollinaire Lettres à Madeleine.

 

 

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